L’ ennui chez l’enfant : pourquoi c’est bon de ne rien faire

Il soupire, il traîne des pieds, il répète "j’sais pas quoi faire…" toutes les dix minutes.
Et là, tout de suite, on est tentés de dégainer un jeu, un écran, une activité... n’importe quoi pour remplir ce vide gênant qu’on appelle "l’ennui".

Mais si ce vide n’était justement… pas un problème ?
Et si on arrêtait de vouloir à tout prix occuper nos enfants du matin au soir ?

Ennui = problème ou opportunité ?

On a souvent tendance à associer l’ennui à un truc négatif : une perte de temps, un signe de paresse, voire un échec éducatif (et si mon enfant s’ennuie, c’est que je n’ai pas prévu assez de choses ?).
Et pourtant, s’ennuyer, c’est essentiel. C’est dans ce fameux "temps vide" que le cerveau respire, que l’imaginaire se met en marche, que la créativité s’invite.

Ce n’est pas un hasard si certains enfants, après avoir râlé pendant une heure qu’ils ne savaient pas quoi faire, finissent par transformer un carton en vaisseau spatial, ou réinventer les règles du Monopoly pour jouer seuls.

L’ennui, c’est comme un sas de décompression. Il permet à l’enfant de passer d’un rythme intense (école, activités, consignes) à un espace de liberté intérieure. Un peu comme nous, quand on déconnecte après une journée de réunions. Ça ne donne pas forcément lieu à une idée de génie, mais ça permet à notre cerveau de souffler.

Et si on ne remplissait pas tout ?

Dans une époque où tout va vite, où les enfants enchaînent école, devoirs, activités, écrans, goûters, douches et histoires du soir, l’ennui fait presque figure de luxe.

Et pourtant, plus on remplit leur emploi du temps, moins ils apprennent à occuper leur propre temps.

Apprendre à ne rien faire, c’est apprendre à faire avec soi. À observer, imaginer, rêver, parfois même à se confronter à une émotion désagréable. Et ça, c’est un apprentissage essentiel.

L’ennui apprend aussi la patience, la tolérance à la frustration, et la capacité à inventer — des compétences précieuses, bien plus que celles de réussir une construction en perles à repasser ou de finir un coloriage sans dépasser.

Alors, on fait quoi… quand ils s’ennuient ?

Spoiler : rien.
Rien de spécial en tout cas.

Il ne s’agit pas de les "forcer" à s’ennuyer, ni de les laisser seuls sans repères pendant des heures. Mais de résister à la tentation de combler chaque soupir par une activité prête à consommer.

Vous pouvez simplement :

  • leur laisser à disposition des jeux libres (coussins, cartons, déguisements…)

  • leur permettre d’aller dehors sans but précis

  • leur proposer du matériel créatif sans consigne

  • ou tout simplement… ne rien leur proposer.

Et si vraiment vous êtes tentés d’intervenir, vous pouvez toujours dire :
« Je suis sûre que tu vas trouver quelque chose. »

La première fois, ils râleront.
La deuxième aussi.
Et à la troisième, ils se mettront à fouiller dans un tiroir, ou à aligner les chaises du salon pour créer un train. Magie de l’ennui en action.

Pour nous aussi, c’est un apprentissage

Parce que oui, c’est souvent plus difficile pour nous que pour eux. Voir notre enfant "tourner en rond", ça vient toucher notre besoin de contrôle, notre envie de bien faire, ou tout simplement notre propre inconfort avec l’ennui.

Mais bonne nouvelle : laisser de la place à l’ennui, c’est aussi s’en offrir à soi.
C’est ralentir, souffler, et accepter que tout n’a pas besoin d’être utile ou productif.

Alors, la prochaine fois que vous entendez "Maaamannn j’sais pas quoi faaaire", respirez un bon coup… et laissez l’ennui faire son travail.

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