Marion Jollès Grosjean : « Écrire m’a aidée à comprendre la maternité »
Marion Jollès Grosjean revient avec un nouveau roman aussi personnel que touchant : J’aurais adoré être une mère parfaite. Derrière ce titre fort et universel, l’autrice aborde sans fard les doutes, la pression, la culpabilité mais aussi l’amour infini qui accompagne la maternité. Un livre intime, nourri de confidences vécues et de conversations partagées, qui touche en plein cœur.
Un roman entre fiction et vérité
Dans ce nouveau livre publié en format poche, Marion donne voix à des femmes, mères, compagnes, travailleuses, souvent débordées, parfois dépassées, toujours aimantes. Inspirée par sa propre expérience, elle interroge les attentes irréalistes qui pèsent sur les mères, les modèles à déconstruire, les efforts à invisibiliser. Sans jamais tomber dans le pathos ni la caricature, elle signe un texte tendre, sincère, profondément humain.
Marion Jollès Grosjean est autrice, coach et ancienne journaliste. Connue du grand public pour avoir présenté Automoto ou F1 à la Une, elle a quitté les plateaux télé pour s’installer avec sa famille de l’autre côté de l’Atlantique. Maman de trois enfants, elle partage aujourd’hui son quotidien entre écriture, accompagnement et parentalité. J’aurais adoré être une mère parfaite est son deuxième roman.
“Je me sentirais frustrée de n’avoir qu’une seule casquette”
Qu’est-ce qui vous définit le mieux aujourd’hui : journaliste, autrice, coach… ou maman ?
Toutes ces casquettes me correspondent ! Je me sentirais frustrée de n’être réduite qu’à une seule. En revanche, si vous me demandiez : arrivez-vous à réussir aussi bien sous chacune ? Je serais plus embêtée. La réponse serait évidemment non, et cela transparaît dans mon roman.
Si un choix devait tout de même être fait, je garderais la casquette de maman, parce qu’elle est la plus précieuse. Surtout avec trois enfants d’âges aussi rapprochés que les miens ! Ils me stimulent et exigent beaucoup d’énergie.
Enfin, quand je suis seule à la maison, mon plaisir premier est l’écriture. Je me rêve secrètement grande romancière !
“On ne reproduit pas un modèle, on en crée un autre”
Quand vous regardez en arrière, qu’est-ce qui vous surprend le plus dans votre vie ?
La construction de notre modèle familial ! J’ai grandi dans une famille heureuse et aimante : je voulais reproduire ce schéma. Mais expatriée de l’autre côté de l’océan, j’ai réalisé qu’il m’était impossible de faire un copier-coller, loin des miens et de mes racines. Tout est différent. Et le monde est différent ! Il faut sans cesse s’adapter, inventer une autre éducation que celle reçue.
Le destin est drôle. J’avais passé un semestre d’études à Toronto dans le cadre de ma maîtrise sur le théâtre américain. À mon retour en France, j’avais été déstabilisée par l’idée de vivre ailleurs. Je n’aurais jamais cru renouer avec cette opportunité… ni la transmettre à mes enfants.
“Ils m’ont appris que je ne suis pas parfaite, et c’est ok”
Qu’est-ce que vos enfants vous ont appris sur vous-même ?
Tellement de choses !
Que je devais apprendre à être plus souple, plus tolérante.
Que je manquais de confiance en moi : je culpabilise de ne pas être assez patiente, organisée, disponible…
Que je suis capable d’un amour inconditionnel.
Et que j’ai du mal à lâcher prise ! Accepter qu’ils fassent leurs erreurs reste difficile.
“La pensée positive est un vrai outil du quotidien”
Quel petit conseil de coach appliquez-vous aussi dans votre vie de famille ?
La pensée positive. Pas la pensée magique — il ne suffit pas d’espérer pour que ça arrive — mais la capacité à cultiver le positif. Par exemple : noter chaque jour trois choses qui nous ont rendu heureux. Cela aide les enfants à relativiser et à se souvenir que leur journée n’était pas “toute pourrie”.
“Une mère parfaite, c’est une mère qui aime”
Dans votre livre, vous décrivez la pression énorme qui pèse sur les mères : est-ce inspiré de votre vécu ?
Absolument. J’adorais mon métier de journaliste, mais après la naissance de mon premier enfant, je n’ai plus vécu les déplacements de la même manière. Je culpabilisais de le laisser, même pour le travail. J’ai appris à être aussi efficace qu’avant, avec en plus le rôle de mère.
Je me souviens encore traverser les aéroports avec mon tire-lait ! Et surtout, comme beaucoup, je me suis posé cette question : est-ce que je fais les bons choix pour mes enfants ? Cette angoisse, je sais qu’elle est universelle.
“Écrire m’a aidée à comprendre, à accepter, à avancer”
Est-ce que l’écriture de ce roman a changé votre propre regard sur la maternité ?
Oui. Écrire m’a permis de poser des mots, de discuter avec d’autres femmes. La maternité est une expérience unique mais profondément collective : nous vivons toutes, à un moment donné, les mêmes doutes, la même fatigue, les mêmes contradictions.
Et ce n’est pas réservé à toutes. Celles qui choisissent de ne pas avoir d’enfants méritent autant de respect. Ce qui compte, c’est d’oser parler, d’extérioriser, de créer du lien entre nos vécus.
Article rédigé le 8 octobre 2025 – © VIP chez Marie